Dès que vous dépassez l’entrée de l’Atelier du Caire au centre-ville, l’odeur du café vous accueille. Celui-ci, en plus des chansons de Chadia et d’Abdel-Halim, vous met dans une douce ambiance du bon vieux temps révolu. Sur une petite table mise de côté, se trouvent des graines de café et un réchaud à alcool pour vous préparer au thème de l’exposition à laquelle vous allez prendre part, et qui s’étendra jusqu’au 8 mars. Des tableaux peints au café ! Celui –ci donne son nom à l’exposition intitulée « mousse de café », cette mousse sans laquelle les Egyptiens ne peuvent siroter leur café turc.
La jeune artiste créative Sarah Medhat, qui excelle en musique aussi, est l’auteure de ces tableaux, qui illustrent en majorité les acteurs et les actrices, les chanteurs et les chanteuses des années cinquante et soixante. Un grand tableau au milieu de la salle dépeint une villa de deux étages avec un petit jardin et une voiture Cadillac qui y est garée. A propos de ce tableau, Sarah dit : « J’habite à Maadi, où on trouve beaucoup de vieilles maisons à deux ou trois étages au plus, et autour desquelles il y a beaucoup d’arbres. Je m’en suis inspirée. Mais ce tableau a été purement extrait de mon imagination ». Parmi les artistes dessinés en portrait : Zeinat Sedki, Marie Mounib, Taheya Karyoka, Soad Hosni, Om Kolthoum, Shadia, Shwikar ; mais aussi Ahmad Ramzi, Roshdy Abaza, Hussein Riad, Zaki Rostom et Tawfik El-Deqn. Chaque caractère est représenté dans le cliché qui l’exprime le mieux. Zeinat Seki est étonnée, la bouche bée ; Shwikar met la main horizontalement sur son front avec une légère couverture noire comme survêtement et un petit foulard cachant sa chevelure, évoquant la façon dont s’habillaient autrefois les femmes de la classe populaire, dans un geste qui nous rappelle son célèbre sketch où elle disait : « Personne ne peut imiter une égyptienne ». Zaki Rostom est représenté avec des yeux qui reflètent la méchanceté comme ses rôles à l’écran ; quant à Tewfik El Deqn, sa célèbre phrase : « Il n’y a pas mieux que l’honneur », est écrite sur le tableau avec des bouts de cigarettes collés.
«Il est plus difficile d’utiliser le café que le gouache par exemple, c’est un défi en plus» dit Sarah. Le café produit l’effet d’une couleur proche du sépia, qui, peinte sur la toile, donne un ton nostalgique aux tableaux. Le goût amertume du café donne, d’ailleurs, un aspect mélancolique. Même les tableaux de Soad Hosni au rire éclatant, et « Tholthy Adwaa El Masrah », les trois acteurs qui faisaient de la comédie stand –up, nous donne cette triste sensation. Mais soyons optimistes, quand même, c’est la première fois que le respectueux Atelier du Caire expose les tableaux d’une jeune artiste. Une tendance qui marque le mouvement artistique récent en Egypte.